52 ans.
Vit et travaille en France, région Bretagne..
Etudes à l'Ecole Européenne des Beaux-Arts de Rennes.
Depuis 1990, Oeuvres vendues en France et dans de nombreux pays d'Europe,
ainsi qu'aux USA, au Maroc, au Koweit, au Liban, en Corée et en Chine.
 
EXPERIENCE
 
Mon parcours artistique commence il y a vingt et un ans. Depuis toutes ces années, mon rapport aux fibres et au textile a suivi un chemin singulier.
 

Au départ, je réalise des sculptures de terre crue. M’inspirant des architecture de pisé, je mêlerai à l’argile de la laine de mouton, du crin de cheval et ou de la paille qui donneront de la solidité à mes pièces. Par la suite, je graverai des plaques de linoléum, reprenant des motifs de broderie copte pour en imprimer de fins cotons. De ces étoffes je confectionnerai d’étroites lanières déchirées que je mêlerai à la terre. Durant cette période, j’utiliserai également de larges dentelles d’ameublement pour estamper l’argile fraîche. Le textile tiendra donc un rôle central, mais il sera caché ou n’apparaîtra que sous forme de trace, d’empreinte, de manque…
 

Dans un second temps de mon parcours, je réalise des peintures. Une forte toile tendue sur du bois deviendra l’âme de mes pièces. J’appliquerai  alors l’argile en fine couche sur une cette trame qui me servira d’accroche. Un procédé découvert empiriquement d’huile et de cire me permettra de donner à cette surface une texture de cuir craquelé tout en stabilisant l’ensemble. Pendant dix ans je vais peindre cette surface de motifs issus de textiles anciens. Je vais y placer un portrait miniature, au centre. Je choisis des photos de fratries que je transfère sur un petit carré de cotonnade ou de la soie. Ce petit carré sera cousu au centre de la grande pièce de toile. La terre sera ensuite appliquée sur toute la surface, excepté le portrait qui semblera serti par la matière. J’estamperai la terre humide pour introduire un relief de dentelle autour de l’image qui sera rehaussée à l’aquarelle. Le tissu, à ce stade de mon parcours artistique est alors visible de deux façons : dans le portrait du centre et dans l’exubérance d’ornements textiles peints qui couvrent toute la surface de ces grands panneaux.
 
Je découvre un certain angle de l’histoire internationale par le biais des motifs décoratifs textiles et leur circulation géographique. Ma bibliothèque s’enrichit et mes connaissances dans le domaine se précisent.
 
Les portraits disparaîtront pour laisser place à de grandes représentations florales envahies d’ornements…
 
2011
 
Il y a un peu plus d’un an : changement d’habitat et d’atelier… je suis prête, je change de médium d'expression. Je m'apprête à explorer le feutre!
 
Créer mon propre textile me fascine. J’expérimente avec fièvre la technique du feutrage au savon, ses possibles, ses limites aussi…Le plus difficile cependant sera pour moi de trouver ma propre expression plastique avec ce médium, de reprendre le fil de mon propre parcours artistique…au sens propre comme au sens figuré.
 
Je développe alors le concept de "Murs Nomades", des pièces murales en feutre de laine dont la légèreté et la flexibilité permettent de les placer et de les déplacer librement avec facilité. Je souhaite répondre aux besoins actuels de mobilité et d’écologie. Ce n’est pas tout. J’entends faire entrer dans les intérieurs un matériau noble, une technique ancestrale tout en offrant une esthétique contemporaine.
 
Le feutre fait résonner en nous des racines profondes et rassurantes. L’or qui apparaît ces dernières semaines dans mon travail en souligne la préciosité, comme je l’ai fait auparavant pour la terre.
 
Une constante se dégage dans ma démarche artistique : celle d’offrir à travers mes œuvres une "dynamique de réconfort" selon les termes du philosophe français Gaston Bachelard.
 
A lui seul, le feutre est une promesse.
Faire oeuvre de civilisation
 
Le textile nous entraîne dans un labyrinthe où s'entremêlent petites et grandes histoires, contrées proches ou lointaines, cultures savantes et populaires, passé et présent, fable et réel. Je me sens pétrie de cette Histoire, sans nostalgie, plutôt dans un présent réminiscent.
 
Les pièces textiles que je crée deviennent l'alibi d'une liberté délimitée de ma personne, elles constituent mon espace d'exploration de la problèmatique des bords et des interfaces, comme un écho à nos frontières singulières et collectives en quête de repères.
 
La texture du textile intègre le texte, une écriture de symboles civilisateurs. La voix parcourt mes textiles, comme tatouée dans cette seconde peau.
Le textile est un matériau métaphorique unique pour moi. Mes oeuvres, au même titre que les tissus mythiques prétendent à un statut d'objet textuel parce qu'ils portent l'empreinte de ma main, de mon corps tout entier impliqué dans le processus du feutrage des fibres, de ma mémoire aussi.
Dans ce territoire que j'invente, je questionne l'abri, la matrice, la sexualité, la reproduction en une alternance amoureuse du dehors et du dedans. Mes oeuvres, comme une enveloppe, occupent une place charnière entre intérieur et extérieur tour à tour séparés et reliés. Une interface qui me permet de multiplier les surfaces d'échanges, de sensations et de communications. La surface est un miroir où je dépose les traces qui me relient aux autres, le témoignage de l'expérience d'une alchimie qui touche au divin, au sacré.
Mes créations sont une médiation entre mon corps et le corps social.
 
Je désire que mes oeuvres textiles, seconde peau sur les murs de vos habitations soient la voix d'une complexité voilèe, qu'elles disent le désir de s'insérer dans l'espace sans pour autant s'y dissoudre.
Le feutre, matière que j'élabore à partir de fibres animales dévoile une textilité originaire de toute chose.
Il fait renaître l'homme à son humanité. Je le choisis comme un élément primordial, propre à unir afin de se dégager de tous les processus identitaires de repli sur soi.
 
Mon travail est une invitation à renouer avec la vie et son partage.
En cela, il est l'art que je propose à mes contemporains.
artiste textile feutrière  
       
         Sandrine Bihorel